Le 07 décembre, le monde a rendez vous à Copenhague.
2 semaines pour tout changer : c’est l’objectif du sommet de Copenhague qui se tient au Danemark du 07 au 18 décembre 2009. Les acteurs réunis au Bella Center doivent certifier d’un plan climat.
Mise en bouche. Préservation de l’environnement, développement durable, biodiversité, équilibres naturels, telles sont les priorités de chaque pays. Pas sur. Tel le village gaulois d’Astérix, des irréductibles, et non des moindres, ne s’alignent pas sur les objectifs mondiaux. La conférence de Copenhague s’ouvre sur un goût amer. Des climatologues britanniques sont accusés d’avoir falsifié des données climatiques après la publication de leurs mails piratés. Sur fond de « Climategate », les délégations vont devoir accoucher d’un plan de relance climatique afin d’endiguer les effets néfastes de l’activité humaine sur l’environnement.
Le retour de la bipolarisation ? Telle une sorte de « guerre froide », le monde est titillé entre l’action timide et tardive des Etats-Unis, et la froideur de la Chine. Serait-ce un retour en arrière, où l’Europe est tiraillé entre capitalisme d’un côté et communisme de l’autre. Peut être pas, mais les faits sont là. « Les Etats-Unis considèrent que le premier projet d’accord mis vendredi sur la table par les responsables des négociations avantage les pays en développement, et surtout la Chine ». Quand à la Chine, sa réaction ne se fait pas attendre ; elle « exclue toute responsabilité dans un éventuel échec ». La vice ministre des affaires étrangères He Yafei, affirme « je sais que certains diront que c’est la faute de la Chine. C’est une stratégie de certains pays développés ». Impasse et désillusion. La rumeur d’un échec hantait les couloirs du Bella Center. Les négociations au point mort, chacun se retranche. Tout le monde se jette la responsabilité du désordre climatique. Les pays émergent veulent que les pays industrialisés renouvellent leurs engagements pris lors du protocole de Kyoto en 1997 ; et les pays industrialisés souhaiteraient plus d’initiative de la part des pays émergents. Washington ne propose qu’une baisse de 4% de ses émissions de Gaz à effet de serre (GES), par rapport à 1990. Le premier ministre belge Yves Leteme a réagi : « c’est peu quand même pour un président (Barak Obama) qui veut prendre le leadership écologique ». En fin de compte les objectifs de réduction voulus par les pays les plus industrialisés sont loin d’être remplis. Au final, ces derniers ne proposent d’une baisse globale comprise entre 12 et 16% des GES d’ici à l’horizon 2020 ; alors que les prévisions scientifiques avaient placé la barre bien plus haute : entre 25 et 40%. Face aux critiques de leur faible objectif des 4%, les Etats-Unis réagissent. Ils sont désappointés par le « manque de contraintes sur les grandes économies émergentes, singulièrement la Chine, premier pollueur mondial ». Les objectifs pris lors du protocole de Kyoto en 1997 par le Canada, le Japon et l’Australie sont loin de la réalité. Quant à la Chine, elle a affirmé officiellement « qu’elle n’accepterait pas de contrôle international sur ses plans climats domestiques ».
Le bon élève, l’Europe. Face au réchauffement climatique et à l’avertissement par l’OMM que la première décennie du 21ème siècle serait la plus chaude jamais enregistrée depuis 1850 ; l’union européenne a bouleversé ses habitudes environnementales. Depuis le protocole de Kyoto, l’UE s’efforce de réduire ses GES, estimés de 20 à 30% d’ici à 2020 par rapport à 1990. Des divergences subsistent au sein de l’UE quant à l’objectif des 30% difficilement atteignables. Le sommet en déroute, les pays européens reprennent les commandes. Une aide de 6 milliards € sera apportée aux pays les plus pauvres.
A Bruxelles, à l'issue d'un sommet de l'UE, les chefs d'Etat européens ont convenu d'accorder 7,2 milliards d'euros d'aide rapide aux pays pauvres sur trois ans, soit 2,4 milliards d'euros par an.
La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont collecté à eux seuls près de 3,5 milliards €, soit près de la moitié du financement total demandé à l’UE pour faire aider les pays pauvres à faire face aux changements climatiques. « C’est un signal de solidarité exceptionnel de la part de l’UE » affirme Angela Merkel, chancelière allemande. Quant à Nicolas Sarkozy, il « pense que c’est suffisant pour amorcer une alliance entre l’Europe et l’Afrique ».
Déconfiture onusienne. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, a lancé lors de ce congrès un appel à l’aide aux dirigeants du monde entier. En effet, il demande expressément de trouver « un compromis » dans la lutte contre le réchauffement de la Terre. Face au fantôme de l’échec de cette conférence, l’ONU est en ébullition et demande aux délégations participantes de trouver une solution. « J’appelle les dirigeants du monde à prendre leurs responsabilités, à faire ce qu’il faut, j’appelle les négociateurs à redoubler d’efforts pour trouver un compromis » a ajouté M Ban.
Le 2°. Certaines nations jouent leur survie lors de ce congrès de Copenhague. En effet, le seuil des 2° ne doit pas être dépassé pour certains Etats insulaires ; où l’on peut voir déjà certains mouvements de population face à la montée précoce des eaux. Pour assurer le bon équilibre environnemental et un arrêt dans la montée des eaux, ces pays demandent expressément à ne pas dépasser un réchauffement climatique général de 2°, voire même de 1,5°. Faisons vite ça chauffe. La déclaration de Collin Beck, chef de la délégation des Iles Salomon est sans appel : « Il nous sera absolument impossible d’accepter un accord qui nous conduirait vers un réchauffement supérieur à 1,5° ». « Ce que nous négocions aujourd’hui ici c’est notre survie. Certains d’entre nous assistent déjà à l’exode de leur population », ajoute même Antonio Lima, son homologue du Cap Vert. L’alliance des Etats Insulaires a d’ailleurs présenté en parallèle son propre texte à norme environnementale ; projet centré sur le problème de la montée des eaux.
Manifestations et ombres au tableau. Des manifestations ont éclaté dès les premiers jours de la conférence de Copenhague au Bella Center. En effet, de nombreux militants d’ONG, comme Greenpeace, ont été emprisonnés, car jugés trop dangereux pour le bon maintien de ce sommet environnemental. Une brasserie aux abords du Bella Center avait même été transformée en commissariat-prison de quartier, afin de « mettre au frais » tout manifestant trop belliqueux.
Samedi 12 décembre : 100 000 manifestants ; dont 3 000 militants de l’ONG « Amis de la Terre », et 400 casseurs du groupuscule « Blacks Blocks » arrêtés par la police danoise.
Autres ombres au tableau : c’est le sommet climatique le plus polluant jamais organisé par les délégations mondiales sous la houlette de l’ONU. En effet, des milliers de voitures-limousines ont été demandées par les pays participants à cette quinzaine. Rien que pour la France, les autorités du gouvernement Sarkozy ont commandés plus de 100 limousines supplémentaires pour conduire nos dirigeants. L’aéroport de Copenhague, lui aussi, peut être pointé du doigt. Loin de pouvoir contenir tous les avions et jets privés des délégations participantes, des stratégies ont du être trouvé. Les avions atterrissant à Copenhague pour déposer leurs passagers, devaient repartir en Allemagne ou en Suède afin d’y être entreposés. Puis ces appareils revenaient à Copenhague pour reprendre leurs passagers, les déposaient dans leurs pays, et repartaient pour être stocker. Que de carburant brûlé pour Rien… que de Pollution.
Un problème général, une réussite locale. Les élus locaux veulent se faire entendre lors de cette quinzaine environnementale. En effet, ils considèrent que c’est d’abord à l’échelon local que l’action contre les changements de climat se fait. L’on peut voir que certaines villes ont adopté des mesures afin de prévenir les hausses d’émissions de GES. En France, la ville de Nantes peut être mise en lumière. Les nantais peuvent être fier de leur politique environnementale depuis quelques années. Leurs projets en quelques lignes : une politique de plantation et de préservation de forêts urbaines, un plan de mobilité avec un système de vélo en libre service et un système d’extension de transports collectifs, une amélioration des infrastructures comme la construction de logements sociaux exemplaires. Améliorer la performance énergétique des bâtiments est une des priorités nantaises. Deux hectares de panneaux photovoltaïques vont être installés sur le territoire de Nantes Métropole, soit la consommation électrique annuelle de 500 logements.
Une conférence à demi teinte. Sans compromis mondial, la Terre est alors toujours en danger !