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  • : Notre Terre
  • : Ce blog va parler des différentes actualités environnementales. Touché par le film "Home", de Yann Arthus Bertrand, j'ai décidé de créer un espace dans lequel une communauté d'internautes pourra partager ces idées en matière d'environnement dans le seul but de sauver notre terre. Alors chaque initiative compte, de la plus petite à la plus grande. Chaque main tendue peut sauver une parcelle de notre Terre et à terme l'environnement et la paix globale.
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  • Savarit Johnatan
  • Etudiant en histoire et en journalisme, le thème de l'environnement me préoccupe beaucoup sans toutefois faire les choses que je voudrais faire. J'espère que par ce biais quelques uns auront conscience de l'impact de l'Homme dans le MONDE.
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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 11:05

Retraçant la lente évolution du mouvement écologique en France depuis l’époque moderne où romantique et intellectuels se questionnaient sur les relations hommes/nature, Roger Cans représente une des figures de proue de l’étude de l’écologie politique à travers ses différentes transformations. Partant des pionniers et passant par les personnalités qui ont jalonné l’épopée des Verts comme René Dumont, Antoine Waechter et Brice Lalonde, l’auteur met en évidence la timide progression d’un mouvement qui, aujourd’hui, fait parti intégrante du paysage politique en France, permettant l’enracinement d’une conscience écologique dans nos sociétés. Née de mai 1968, il analyse la genèse des écologistes, mettant en avant les grandes phases d’évolution du mouvement, comme l’affaire du Rainbow Warrior, les actions du commandant Cousteau, les guérillas internes à la mouvance verte, les différents programmes et élections qui ont marqué l’écologie politique. La pensée écologique a alors d’après lui été timide, où certains soutiens de ce mouvement ont refusé pendant longtemps de « participer au combat électoral ».

 

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Marc Abelès, quant à lui, dirige un ouvrage compilant les pensées de divers auteurs. Daniel Boy met en évidence les profils sociologiques des électeurs écologiques, et ainsi analyse les attitudes électorales de 1974 à 1992. Partant de l’élection présidentielle de 1974, lors de laquelle les environnementalistes étaient représentés par René Dumont, il constate que durant cette période de 18 ans, il y a au total pas « moins de 20 élections comportant pour la plupart deux tours de scrutins et se situant à des niveaux géographiques très variés : commune, canton, circonscription, département, région, nation ». Ainsi à travers ces différents échelons d’élection, les choix pour les électeurs sont très différents eux aussi, favorisant plus ou moins l’expression d’une conscience et d’une sensibilité écologiques. Ainsi, Daniel Boy met en évidence les foyers concentrationnaires d’écologiques, où la maison-mère reste l’Alsace-Lorraine, et les grands centres de rassemblement sont bel et bien la région parisienne, la région Rhône-Alpes et la Bretagne un peu plus tard. D’autres auteurs présents pour cet ouvrage présentent un état du monde selon leur point de vue vert. Ainsi Yves Cochet retrace les aventures des écologistes à l’échelle européenne, où la course pour le Parlement européen devient au fur et à mesure du temps, à travers les élection européennes de 1979 et 1989 surtout, sinon une priorité, tout du moins quelque chose d’indispensable pour asseoir leur mouvement. Concernant Guillaume Sainteny, il préfère met en lumière la question du pouvoir d’Etat chez les écologistes, où disputes, heurts et réconciliation caractérisent un mouvement qui peine à s’ancrer de manière durable dans le paysage politique français. Marc Abelès, quant à lui, explique l’avancée de la mouvance verte à travers leurs discours et leurs idées. Partant du constat que « le vrai problème pour les écologistes, c’est que l’on produit trop », il met en évidence différents argumentaires des personnalités du mouvement. Ainsi discours alarmistes, discours totalisant axé sur la recherche d’un équilibre général, discours volontariste avec comme maître mot la révolution culturelle, discours moralisateur, discours antimoderniste, … permettent de comprendre les Verts à travers les mots et les différents thèmes de campagne pouvant être développés. Un choix hétéroclite autour de problématiques spectaculaires, médiatiques, consensuelles, environnementales, anti-productivistes et catastrophistes.

 

 

Brendan Prendiville propose une étude de l’écologie politique en se basant sur un travail de recherche et d’analyse. Cette étude couvre la période 1960-1990, correspondant à peu de choses près à notre propre période de réflexion sur ce nouveau venu en politique dans les années 1970. Extrait d’une thèse britannique s’inscrivant directement dans une perspective de sociologie politique, son analyse mêle alors différents domaines d’observation. Se réclamant de la droite lignée de Roger Cans, qui s’exclamait en 1992 que nous étions « tous Verts », Brendan Prendiville met en relief qu’il existe divers environnements où celui naturel, social, économique et politique ne sont que quelques exemples les plus courants.

 

 

Docteur en science politique, Jean Jacob nous offre son analyse depuis les premiers intellectuels du courant jusqu’à l’enracinement de la mouvance dans le paysage politique français. Il montre comment les idées du Club de Rome autour de leur slogan « croissance zéro » ont pu servir de base de réflexion pour les écologistes avant la grande fédération des Verts en un mouvement politique. L’histoire des écologistes est jonchée d’obstacles à commencer par un tiraillement interne où idéalistes et naturalistes luttent pour une logique sociale et prônent la défense des libertés individuelles.

 

 

Yves Frémion, quant à lui, essai d’expliquer l’indécision et la perplexité, tout du moins au début de leur naissance, à s’ancrer sur le segment droite/gauche de la politique, refusant de se confondre à l’une ou l’autre des deux grandes classes politiques en France. A travers leur impact sur l’échiquier électoral français, l’histoire des écologistes permet de comprendre à travers leurs débats et leurs pratiques, la genèse des Verts dès 1984 et le socle sur lequel dorénavant le mouvement s’appui.

 

 

Plus récemment, Alain Lipietz traduit la nouvelle donne d’une écologie politique du XXIe siècle, mettant en relation l’idéologie des Verts avec la crise mondiale qui touche d’ores et déjà toutes les sociétés et toutes les politiques.

 

 

D’autres chercheurs ont influencé nos axes de recherches et ont fait de ce mouvement Vert ce qui est actuellement. Ainsi l’infatigable René Dumont, qui par vent et marée, traverse le globe pour écrire ses nombreux ouvrages sur l’agronomie, les inégalités et la paupérisation de la planète. D’autres scientifiques s’intéressent de près à l’étude de l’environnement. Depuis le macrocosme de Joël Rosnay, devenu une grande référence dans la pensée systémique, jusqu’à l’étude sociologique des luttes anti-nucléaires d’Alain Touraine ; d’Edgar Morin parlant d’un paradigme écologique en 1990, au philosophe Cornelius Castoriadis mettant en avant l’autonomie certaine de l’écologie dès 1981 ; de Michel Serres à Luc Ferry qui ont, dans les années 1990, constaté l’expansion des Verts sur le terrain politique ; l’enthousiasme et l’emballement pour l’écologie deviennent les nouvelles pierres à l’édifice du mouvement, permettant de percevoir l’importance d’une prise de conscience globale concernant l’interdépendance des problèmes environnementaux et sociaux. Ainsi à travers ces différentes pensées, nous pouvons analyser l’émergence des écologistes en France et surtout nous pouvons expliquer la transformation d’un mouvement à la base social en un mouvement politique.

 

Analyser l’émergence des Verts depuis les années 1970 jusqu’à leur enracinement dans le paysage politique français au milieu des années 1990, permet d’entrevoir l’assise sur laquelle le mouvement actuelle s’appuie pour légitimer un parti qui a véritablement sa place parmi les grandes forces politiques françaises. Europe Ecologie Les Verts, héritier directe des pensées environnementalistes et naturalistes d’autant, digne petit-fils d’un grand-père pionnier dans la politique, d’un René Dumont, personnalité haute en couleur, l’écologie politique aujourd’hui bien représentée par des entités telles que Nicolas Hulot, Eva Joly, Daniel Cohn-Bendit, a connu ses périodes de succès et ses périodes de décadence. Au travers d’une histoire tumultueuse, c’est réellement l’engrenage d’une remise en cause profonde du système politique en France, un bouleversement vis-à-vis de la bipolarisation gauche/droite qui n’existe désormais plus. L’environnement s’ancre alors profondément sur un terrain qui n’était jusque là pas le sien, s’offrant une nouvelle aire de jeu. Se basant une étude bibliographique, et à travers un travail sur des sources imprimées, orales et iconographiques, nous constatons que programmes, élections et discours sont d’ores et déjà dans les années 1970 le lot quotidien des écologistes. L’écologie politique est-elle née seulement de l’émoi environnemental suscité par les naturalistes, les écologistes et l’opinion publique de l’époque, ou doit-elle son émergence à une organisation certaine, un enracinement dans le paysage politique français à travers les enjeux nationaux, européens et locaux ?


Au premier abord, nous allons revenir sur l’émergence de l’écologie politique en dressant un portrait du célèbre agronome René Dumont, qui marque de son empreinte le début de l’épopée des écologistes en politique. Nous étudierons ensuite l’enracinement du mouvement à l’échelon national et européen, à travers les différentes branches, les disputes et les tiraillements internes qui ont fait vaciller l’écologie politique dans les années 1980. C’est alors qu’à l’aube de la décennie 1990, nous verrons que la mouvance des Verts doit son renouveau à l’organisation et aux actions des groupes locaux, comme celui de Poitiers, donnant une unité et une légitimité au mouvement national. 

Roger Cans, Petite histoire du mouvement écolo en France, Paris, Delachaux et Niestlé, 2006.

Marc Abelès (dir), Le défi écologiste, Paris, L’Harmattan, 1993.

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 19:32

L’aube du XXe siècle, et jusque dans les années 1950, sonne l’apparition des premiers véritables précurseurs du mouvement. Naissance des conflits environnementaux, débuts des manifestations écologiques, le XXe siècle, rythmé par l’arrivée croissante de l’automobile, de l’ère industrielle et de la surexploitation des ressources naturelles, représente le début des mobilisations des naturistes et des amoureux de la nature. A Marseille, lorsque les marcheurs appartenant à la Société des excursionnistes de la ville, ont vent en 1906 que la société chimique belge veut exploiter le sable et la chaud dans les calanques de Port-Miou, c’est un rassemblement sans précédent de plus de 1000 personnes qui s’opère.

 

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Dans son discours de 1912, le président de la Société d’acclimatation, Edmond Perrier, remarque : « qu’au temps de Buffon, on considérait la Terre comme une mère féconde, au sein inépuisable. On la croyait capable de pourvoir indéfiniment aux besoins et à la sécurité de toutes les créatures qu’elle portait. Si elle laissait périr les individus, elle assurait jalousement, pensait-on, la perpétuité de leur espèce. Il n’en est rien. Tout est aujourd’hui menacé par notre envahissante civilisation ». Prophète d’une civilisation condamnée à la perdition, où les actions des hommes saccagent des ressources naturelles et à terme la planète, il émet un signal d’alarme quant à la disparition de certaines ressources qui s’avèrent être épuisables. « Où prendrons-nous la force quand le charbon et le pétrole seront épuisés ? Il restera, dit-on, la houille blanche. Oui ! Mais la houille blanche réside dans les fleuves ; les fleuves prennent naissance dans les montagnes, surtout dans les montagnes boisées : or nous sommes en train de faire disparaître leurs forêts. Certes, nous avons encore du temps devant nous. Mais il faut se mettre en face des réalités et prévoir l’avenir pour nos descendants ». Cette première mise en garde ne trouvera pas l’écho souhaité dans les sociétés civiles, chez les scientifiques et encore moins dans les sphères du pouvoir. Dans le domaine de l’agriculture, on va voir poindre dans les années 1920, un débat autour des engrais naturels/chimiques. Cette mise en lumière de l’importance des engrais verts, du composte et des cultures dérobées – notions qui sont aujourd’hui au centre des préoccupations citoyennes et écologiques – a été conceptualisée par Rémy Dumont. Il va alors transmettre les mêmes idées et les mêmes intuitions écologiques à son fils René Dumont.

 

 

« Dans son premier ouvrage intitulé La culture du riz dans le delta du Tonkin, publié en 1935, il admet la sélection de variétés répondant mieux aux engrais, mais il met en garde contre "l’artificialisation du milieu" et contre l’abandon de variétés ou de techniques adaptées. Il signale les "insectes et animaux utiles des rizières", en particulier les insectes carnassiers comme les coccinelles et les libellules. "Les araignées sont très utiles car elles détruisent dans les rizières toutes sortes d’insectes". Les crapauds aussi "et, pour cette raison, il ne faut pas les détruire" ».

C’est à partir de ces quelques combats et ces quelques idées du début du XXe siècle, que les penseurs contemporains se sont penchés sur la question de l’écologie en tant que force sociale puis force politique à partir des années 1970.

 

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Un autre agronome va lui aussi essayer de faire grandir la conscience écologique si fragile, en analysant le phénomène de ce qu’il appelle « l’environnement humain ». René Dubos, spécialiste en biologie et en microbiologie des sols, mets en relation les actions des microorganismes tels que la faune, la flore et les minéraux. De cette démarche transversale, apparaît alors une approche écologique. Grand oublié de l’histoire, il réapparaît pour la rédaction du rapport de la conférence des Nations Unies sur l’environnement réunie à Stockholm en 1972 : « il ne faut pas considérer la Terre comme un écosystème que l’on doit, à tout prix, préserver tel quel, ou encore comme une carrière exploitée à des fins égoïstes pour en tirer des profits immédiats. Il faut la regarder comme un jardin que l’on cultiverait pour le développement des potentialités qu’elle offre à l’aventure humaine ». D’une civilisation mécanique à une industrialisation galopante, les personnalités du XXe siècle élèvent leurs voix afin de se faire entendre dans le brouhaha d’une société capitaliste, où profit et économie régissent les hommes. Ainsi Paul Valéry voit en l’Homme un monstre, où « toute son industrie se dépense à défendre et a exagérer sa monstruosité. Il est le roi de la création de par son pouvoir de détruire. L’Homme ne peut créer qu’aux dépens de la création ». Cette première révolution écologique s’inscrit dans la droite lignée de ceux qui sont considérés comme les pionniers de l’écologie et d’une conscience environnementale, où la Terre nourricière est pourvue de ressources limitées et épuisables. C’est alors, que plus concrètement, de nombreux penseurs se sont penchés sur les véritables dérives de nos attitudes humaines et sur les enjeux de l’enracinement de l’écologie en tant que force politique.

Discours d’Edmond Perrier, président de la Société d’acclimatation, spécialiste des invertébrés.

Mémento Agricole, « petite encyclopédie de la vie rurale » Larousse, 1923.

Instituteur agronome, ingénieur agricole, il a été chargé par les éditions Larousse de coordonner la première édition du Mémento. Père de René Dumont, agronome célèbre au pull rouge, devenu candidat écologique aux présidentielles de 1974. 

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 11:05

 « L'homme ne croit pas à l'apocalypse qu'il fabrique. Et pourtant nous avançons déjà vers le désastre. Une croissance indéfinie est impossible, nous n'avons qu'une seule Terre, mais une civilisation du bonheur est possible. Les solutions existent, mais l'opinion les ignore car les structures actuelles et les détenteurs du pouvoir économique et politique s'y opposent ». Voilà un premier signal d’alarme tiré par René Dumont. Aux lendemains des événements de mai 1968, la prise de conscience écologique en France s’avère bien frileuse et tardive comparée à la réaction germanique et anglo-saxonne sur ces questions environnementales.

 

Home--p-tr-le.jpg(Image tirée du film Home). 

 

Les « années de Poudre » des manifestations et des revendications de 1968, les difficultés pour une droite à gouverner, l’isolationnisme d’une gauche n’ayant que peu d’ancrage dans le paysage politique français, sont autant de symptômes qui extériorisent une dérive gouvernementale, sociale et économique, permettant l’avènement d’une toute nouvelle force politique en France. Les naturalistes, depuis longtemps implanter dans le milieu associatif et intellectuel, sont alors rejoins par les environnementalistes dès le lendemain des bouleversements post deuxième guerre mondiale. A cheval sur la décennie 1960 et celle 1970, l’écologie politique va essayer de se frayer un chemin et de se faire une place sur le segment  droite/gauche, fort occupé par les deux éléphants PS et UDR. Mais les écologistes refusent, au départ, un alignement et un ralliement à l’une ou l’autre des formations, d’où l’intérêt de l’historien à chercher les éléments indiciels permettant de classer cette « population hors univers politique » sur la ligne droite/gauche.

 

Carte pour blog écolo                                                             (Image personnelle : statistiques des Verts en 1981)

 

Redessinant une perspective nouvelle à la vie politique française, les futurs Verts se complaisent dans l’idée de pouvoir, d’un point de vue gouvernemental, changer la donne, et offrir à l’électorat un choix politique plus large. L’étude de l’écologie politique, telle que nous voulions la faire dans ce projet, dénote avec les quelques ouvrages sur le sujet. Trop larges, trop imprécises, trop centrées, trop ciblées, trop évasées, ces lectures n’apportent que confusions, redites et désinformations quant à un travail retraçant depuis leurs débuts la naissance et l’éclosion de l’environnementalisme à l’échelle de la politique, du naturalisme à l’échelle des débats gouvernementaux, de l’écologie en tant que force électorale. Dans nos sociétés actuelles, les combats et les préoccupations comme la lutte contre le gaspillage, l’environnement, les énergies renouvelables, la biodiversité, la sécheresse, le nucléaire, démontrent, s’il en était nécessaire, la place prise par l’écologie politique et la formation Europe Ecologie Les Verts de nos jours. La conscientisation de cette idéologie environnementaliste doit beaucoup aux tentatives parfois malchanceuses de leurs prédécesseurs. Expliquer la place actuelle de l’écologie politique ne peut se faire sans remonter presque 40 ans en arrière, où les premiers travaux faisaient état d’une paupérisation de la planète, et où écologistes clamaient sans cesse un changement radical de nos comportements. C’est pourquoi, borner notre sujet s’est fait de manière très naturel, quasi spontanée. De l’éclosion de l’oisillon écologique en 1974 jusqu’à la campagne aux présidentielles de 1995, soit la quatrième fois d’affilée où les écologistes étaient présents, ces quelques 21 années illustrent parfaitement l’histoire actuelle d’un parti politique verdoyant, jalonnée, depuis les événements post-soixante-huitards, de difficultés, de heurts et de discordes. Entre temps, et sur une échelle plus locale, 1989 permet de voir l’émergence de cette formation politique sur les terres pictaviennes, où droite comme gauche au mieux les ignorent, au pire les discréditent. Longtemps tiraillée par les intellectuels de droite comme de gauche, l’écologie politique s’est socialisée, où dans une logique sociale la défense de l’environnement et des libertés individuelles restent alors l’apanage d’un socialisme dans sa forme la plus naturaliste. L’émancipation de cette écologie en politique, passe d’abord par l’initiation du Club de Rome en 1972, où le thème de la « croissance zéro » a fortement légitimé la démarche des écologistes français avant même de développer des thèmes comme le nucléaire, la lutte contre la démocratie autoritaire et l’écocitoyenneté ; fidélisant alors les sympathisants et les militants verts. Géographiquement, l’écologie politique a su, plus ou moins, s’établir avec fermeté lors des différentes élections auxquelles la formation a pu participer. Ainsi, il nous semblait logique et relever du bon sens, de déterminer trois axes géographiques différents, afin de mieux cerner la personnalité et l’iconographie de ce nouveau venu en politique. C’est alors, et tout au long de cette étude, que nous avons voulu développer les grandes personnalités qui ont marqué l’enracinement des écologistes en France, puis sur le terrain de l’Europe avec l’enjeu du Parlement européen. Dans un dernier temps, notre étude s’est fixée sur l’émergence et l’ancrage des Verts de Poitiers, où 1989 marque alors leur arrivée en tant que conseillers municipaux. C’est ainsi à travers une idéologie non-conformiste, bouleversant les équilibres et les déséquilibres des contemporains, que l’écologie politique remet en cause la croissance industrielle, et par la même, entend bien passer d’un statut d’illusion à un statut de concrétisation de leur programme sur les bancs d’une politique trop bipolaire à leur goût, dans laquelle droite et gauche monopolisent le débat et les enjeux. Face à la multiplication des données, des ouvrages et des penseurs des XXe et XXIe siècles concernant l’écologie comme force politique ayant le vent en poupe, l’étude, depuis leurs débuts, de ce parti nous semblait être un choix judicieux afin de comprendre au mieux les nouvelles problématiques de notre nouveau millénaire. S’agissait-il d’écologiser la politique ou de politiser l’écologie ? La question va bien au-delà de ce problème s’attachant plus à la forme qu’au fond du débat. Controversée par les uns, combattue par les autres, l’écologie politique en a vu de toutes les couleurs. Malgré tout, l’histoire des Verts, non pas cultuels ou culturelles, mais réellement politique, fait face à une marginalisation et un appauvrissement des sources. Les études passées s’adonnent plus à une mise en valeur d’une attention conceptuelle de ce parti plutôt qu’à l’explication et la réflexion de cette émergence, revendiquant ainsi être le porte-parole de toute une génération. La simple exposition des thèses ou le compte rendu des diverses actions politiques de certains n’ont pas réellement donné du grain à moudre à notre réflexion. Tout au long ce travail préparatoire, nous nous sommes confrontés à une difficulté majeure : à savoir la localisation des sources. Ainsi, et à maintes reprises, les supports visuels des actions politiques des écologistes ont été difficiles à situer, puisqu’aucune autorité n’a pu dire avec certitude où trouver les représentations iconographiques de ce parti politique. Il fallait pour cela, à travers cet exercice de recherche, retravailler chaque source, pour en extraire au final qu’une très faible quantité. Mais à nos yeux, il apparaissait nécessaire de réactualiser la genèse des écologistes, en les remettant dans leur contexte des premiers jours et en mettant en lumière la chronologie des premiers espoirs, des premiers affrontements, et des premiers bastions politiques représentants l’idéologie verdoyante. C’est dans un contexte de guerre froide, où tensions et combats psychologiques sont au cœur des débats politiques, que l’écologie, à contre sens d’une vision bipolaire du monde, essai de développer ses idées, dénotant complètement avec le programme d’indépendance énergétique lancé par le général De Gaulle, relayé par Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing, et d’une course à l’armement quasi-incessante.

 

Home--agriculture--activit--machine.jpg                                          (Image tirée du film Home). 

 

Ainsi après la deuxième guerre mondiale et surtout avec les événements de mai 1968, des personnalités vont pouvoir lancer le véritable mouvement sinon écologique du moins réformateur face à une société qui n’est plus en phase avec les problèmes de l’époque. Sous impulsion des étudiants français et surtout parisiens, la France est soudainement touchée par une vague contestataire, lassée d’une société autoritaire et paternaliste. Les jeunes dénoncent alors l’austérité morale gaulliste, le capitalisme, prônant le féminisme et la libération sexuelle. En quelques jours les étudiants, appuyés par les syndicats et les travailleurs, plongent le pays dans une paralysie quasi-totale. Episode insurrectionnel, à l’instar des événements de la Commune ou de la Révolution française, Mai 1968 provoque une effervescence des mouvements de contestations, de provocations et de jeunesse en quête de libertés. De ces manifestations estudiantines, Nanterre devient le pôle concentrationnaire de cette sphère belliqueuse. De cette agitation, au cœur même des universités, des noms bien connus aujourd’hui de l’écologie politique se font entendre. C’est le cas de Daniel Cohn-Bendit, surnommé Dany le Rouge, qui n’est officiellement sous aucune étiquette politique. Sanglants, les combats prennent une nouvelle tournure dans la nuit du 10 au 11 mai, où, en quelques heures, les barricades fleurissent dans la capitale alors qu’on dénombre 1000 blessés. S’ensuit une grande manifestation le 13 mai, où le mouvement se politise avec en tête du cortège des grandes personnalités comme Pierre Mendès-France ou encore François Mitterrand. Ebranlé, De Gaulle dissout l’Assemblée Nationale le 29 mai 1968, mais refuse de quitter le pouvoir. Il décide de changer le nom de son parti pour adopter l’appellation UDR, Union pour la défense de la République. Lassés, les Français confirment leur attachement à la personne de De Gaulle et au régime en place. Pour renforcer son pouvoir, en 1969, il propose un référendum sur la régionalisation et le nouveau statut du Sénat. Désavoué, le non l’emportant à 52% le 27 avril, De Gaulle décide de quitter la présidence. Ainsi, C’est George Pompidou, ancien Premier ministre du créateur de la Ve République, qui brigue le fauteuil de l’Elysée. Après seulement 5 ans à la tête de l’Etat, Pompidou meurt prématurément, plongeant alors le pays dans une élection présidentielle subite. Les partis s’organisent, mais les écologistes, nouveau pion sur l’échiquier politique français, n’ont pas vraiment le temps de préparer les présidentielles de 1974. Après plusieurs refus  auprès de grands noms de l’époque pour être candidat à la présidentielle sous l’étiquette de l’écologie politique, l’attention se porte sur René Dumont. A la sortie de son avion, on lui propose cette tâche. Il prend 24h de réflexion, après lesquels il accepte l’offre et se présente. Enthousiasme ou curiosité de l’opinion publique, René Dumont suscite l’émoi, la nouveauté politique, et l’emballement de la presse pour ce personnage haut en couleur. De là, il apparaît attaqué sur son programme lors de débats politiques télévisés, les journalistes essayant de le déstabiliser voire de le tourner presque en ridicule. Premiers pas vers une civilisation en synergie avec son milieu naturel, il est tout même facile de constater que le mode de vie choisi de manière délibérée participe avec plus ou moins de crainte à une survie étrange d’une folle espèce qu’est l’humain. « Folle, car c’est la seule qui se montre capable de préparer les moyens, non seulement de son propre anéantissement, mais aussi de celui de toute forme de vie. Une aventure que nous pouvons penser unique dans l’infini de l’Univers prendrait ainsi prématurément fin ».

Citations de René Dumont. Martine Leca, Entretiens avec René Dumont, édition le temps des cerises, 2004.

Dumont René : professeur à l’institut agronomique de Paris-Grignon, est présenté par plus de cent associations écologiques pour être le candidat représentant les écologiques aux élections présidentielles de 1974, après la mort de George Pompidou. Chercheur de réputation mondiale, il a effectué plus de cent missions dans soixante dix sept pays à la demande de gouvernements ou d’organismes internationaux. Il est l’auteur de vingt livres faisant autorité sur les problèmes de développement agricole.

René Hamon et Patrick Rotman, les Années de Poudre, Génération tome 2, Paris, Seuil, 1987.

Union pour la défense de la République, fondé en 1968 jusqu’en 1971.

Sainteny. Guillaume, Revue française de sciences politiques, « les dirigeants écologistes et le champ politique », Persée, 1987.

  Dumont. René, l’utopie ou la mort, Paris, Seuil, 1973.

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