ROME CORRESPONDANT - Le gouvernement italien devait décréter, jeudi 19 janvier, l'état d'urgence et de castastrophe naturelle dans la zone de l'ile du Giglio, face au littoral toscan, où, dans la nuit du vendredi 13 au 14 janvier le navire de croisièreCosta-Concordia s'est échoué, à la suite d'un comportement et de manoeuvres irresponsables de son capitaine. Cette mesure permettra à un commissaire nommé par le gouvernement de valider les opérations de pompage des 2 300 tonnes de fuel retenues dans les cuves, ainsi que de renflouement de l'épave.
Le temps presse et la menace d'une catastrophe écologique n'est pas écartée. Le beau temps se maintient sur la zone, mais la mer est prévue de "forte à agitée" dans les prochains jours. La proue du Costa-Concardia repose pour l'instant sur un banc de sable, et la poupe sur des rochers dans lesquels il s'est en partie ancré, à une profondeur d'une vingtaine de mètres.
Mais, plus au large, s'ouvre un à-pic de 88 m de profondeur. Lundi, le bateau s'est enfoncé de quelques centimètres à la proue, interrompant immédiatement, pour plusieurs heures, les recherches des corps et d'éventuels survivants.
Mardi, une équipe de plongeurs était déjà à l'oeuvre autour du mastodonte (300 m de long sur 30 m de large), échoué à l'entrée du port du Giglio pour inspecter l'état des cuves et repérer, sur la coque, les endroits où il faudra effectuer les forages pour placer les pompes.
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Selon Kees van Essen, directeur des opérations de la société néerlandaise Smit Salvage, spécialisée dans ce type d'intervention, le pompage devait débutermercredi, une fois obtenu le feu vert du gouvernement. Les opérations pourraientdurer "entre trois et quatre semaines". Smit Salvage a conduit des exercices de ce type sur le sous-marin nucléaire russe Koursk, perdu en 2000, et le pétrolier chypriote Haven, coulé en 1991 au large de Gênes. Les cuves du Costa-Concordiasont pleines d'un fuel lourd dont la fuite pourrait être une catastrophe pour la petite île de l'archipel toscan, réputé pour la beauté de ses fonds marins. Il devra êtreréchauffé pour être pompé et stocké dans des bateaux-citernes.
"LE PLUS VITE POSSIBLE"
M. van Essen, interrogé au cours d'une conférence téléphonique, s'est voulu rassurant : "Aucun réservoir n'est endommagé", mais "il y a toujours des risques"."Tout le monde est conscient de la menace, a-t-il poursuivi. Nous devons faire le plus vite possible." A titre de prévention, des bouées jaunes couvertes de matière absorbante ont été installées pour éponger d'éventuelles nappes d'huile ou de carburant.
De son côté, la France a proposé de mettre au service de l'Italie les équipes du Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux de Brest, créé en 1979 après le naufrage du pétrolierAmoco-Cadiz. Le gouvernement est également prêt à envoyer des barrages flottants et des produits dispersants stockés sur quatre sites de la Méditerranée (Marseille, Toulon, Sète et Berre).
Si tout va être mis en oeuvre pour éviter une marée noire, le ministre de l'environnement, Corrado Clini, maintient la pression sur le croisiériste Costa, dont les drapeaux suspendus à son siège de Gênes ont été mi en berne. Le gouvernement a donné dix jours à la compagnie pour présenter un plan de renflouement de l'épave, qui sera à sa charge.
Trois options sont à l'étude pour permettre au Costa-Concordia, lourd de 110 000 tonnes d'acier et d'une énorme quantité d'eau, de se remettre à flots : souleverl'épave avec des ballons glissés sous son flan droit ; tenter de le remettre à la verticale en le tirant avec des remorqueurs ; ou le débiter en tronçons, plus facilement maniables. Une quatrième solution n'est pas écartée, dans le cas où les trois autres se révéleraient impossibles ou trop coûteuses : tirer l'épave vers l'abysse, qui l'engloutira à jamais.
Philippe Ridet