Après une nuit de recherches sans relâche, les sauveteurs ont découvert lundi matin un nouveau corps dans l'épave du Costa Concordia, portant le bilan du naufrage du bateau de croisière près de l'île italienne du Giglio a six morts. Il s'agit d'un passager, retrouvé alors qu'il portait son gilet de sauvetage, sur le deuxième pont, dans la partie encore émergée du navire. Son identité n'a pas encore été divulguée.
QUATRE FRANÇAIS FONT L'OBJET DE VÉRIFICATIONS
Quatre passagers français du paquebot font encore l'objet de vérifications, a indiqué le Quai d'Orsay. Sur les 21 passagers français dont on était sans nouvelles dimanche soir, 17 ont été localisés grâce à des informations fournies par leurs familles, ou par les autorités italiennes, ou encore par la compagnie Costa, et des vérifications se poursuivent pour quatre autres, a précisé le ministère.
Après la catastrophe, survenue vendredi soir il reste encore une quinzaine de disparus. Parmi eux, figuraient dimanche soir quatre Italiens : un père de 36 ans et sa fille de 5 ans ainsi que deux femmes siciliennes de 50 et 49 ans, qui seraient saines et sauves selon les secouristes, mais dont la famille a perdu la trace. Deux Américains manquaient aussi à l'appel : l'ambassade des Etats-Unis a fait savoirsur sa page Facebook que sur 120 passagers américains, 118 avaient été retrouvés. S'y ajouteraient deux couples de Français, et une personne dont la nationalité n'a pas été communiquée. La nationalité des membres d'équipage disparus n'a pas été divulguée.
"TRÈS GRAVES ACCUSATIONS"
Dimanche, la compagnie propriétaire du navire a accusé le capitaine d'avoircommis des "erreurs", tant dans la route du navire que la gestion de l'urgence. "De très graves accusations pèsent" sur le commandant Francesco Schettino, qui a quitté le navire avant l'évacuation de la totalité des passagers, a rappelé le leader européen des croisières, dans un long communiqué diffusé dans la soirée. Accusé notamment d'homicides multiples et d'abandon du navire (il risque douze ans de prison pour ce seul délit), il a été placé en détention à Grosseto.
La société, Costa Croisières, située à Gênes, affirme que le commandant – entré en son sein en 2002 comme responsable de la sécurité et promu commandant en 2006 –, avait suivi toutes les formations continues adéquates, ainsi que les membres d'équipage et même les passagers, soumis à un exercice d'évacuation dans les vingt-quatre heures qui suivent l'embarquement.
"La route suivie par le navire n'était pas la bonne", a indiqué le procureur de Grosseto, Francesco Verusio, chargé de l'enquête. Le commandant "s'est approché de manière très maladroite de l'île du Giglio, a heurté un rocher qui s'est encastré dans le flanc gauche, faisant s'incliner [le navire] et embarquerénormément d'eau en l'espace de deux, trois minutes", a-t-il ajouté. "C'est une grosse erreur humaine qui a eu des conséquences dramatiques", a dénoncé le ministre de la défense, l'amiral Giampaolo Di Paola.
D'après les premiers éléments tirés de la boîte noire, le navire était à "seulement 150 mètres du rivage, une distance incroyablement proche", a encore dit le procureur. Le magistrat a également mis en cause la gestion de l'accident par l'équipage. Selon lui, l'alerte a été lancée une heure après l'impact.
"SCÈNES D'APOCALYPSE"
La compagnie s'est refusée à dresser un bilan chiffré, en raison de "l'évolution de la situation", mais le président de la Toscane, Enrico Rossi, avait annoncé en fin de matinée, après des "recoupements", que le nombre d'occupants portés disparus, jusque-là estimé à 35 environ, était retombé à 17. Selon les médias italiens, il s'agirait de 11 passagers et 6 membres d'équipage.
Au moment du naufrage, vendredi soir vers 21 h 30, le navire transportait quelque 4 229 personnes dont plus de 3 200 touristes de 60 nationalités différentes et un millier de membres d'équipage. Selon Costa Croisières, les membres d'équipage étaient de 40 nationalités différentes (environ 300 Philippins, 200 Indiens, 170 Indonésiens).
De nombreux témoins ont décrit des "scènes d'apocalypse" et de "panique" avec des bousculades entre touristes cherchant à monter sur les chaloupes, au milieu des cris et des pleurs. Selon des passagers, les membres d'équipage, dont certains ne parlaient pas italien ou anglais, n'arrivaient pas à faire descendre les chaloupes.
Lemonde.fr